Que recherche exactement le pouvoir gabonais ?

Depuis 2009, l‘opposition gabonaise, dans sa diversité, a réclamé un dialogue national inclusif, pour détendre l’atmosphère politique délétère qui s’est installée dans le pays au sortir de l’élection présidentielle anticipée, suite au décès du président Omar Bongo Ondimba. Élection ayant  occasionné des violences meurtrières à Port-Gentil, capitale économique du pays. Un dialogue inclusif ? Une proposition que le pouvoir en place a toujours balayé d’un revers de main, en mettant en avant l’argument selon lequel, Ali Bongo Ondimba ne saurait discuter avec une opposition qui ne reconnaissait pas son pouvoir.

 

Nous voilà sept ans après, dans à peu près les mêmes conditions qui ont entrainé les violences en 2009; à la seule différence que cette fois-ci, de nombreux acteurs politiques et les candidats de l’opposition sont pour la plupart, ceux qui ont aidé Ali Bongo Ondimba à prendre le pouvoir en 2009, mais surtout que la candidature du président sortant est vivement contestée par toute l’opposition et un pan de la population.

La dégradation du climat socio-politique du Gabon, à deux semaines de l’élection présidentielle, inquiète aussi bien les gabonais que les observateurs avisés, notamment la communauté internationale, avec la tension qui est montée de plusieurs crans au fur et à mesure que nous nous approchons du 27 août, jour du vote. Face à ce scrutin à l’odeur délétère, de nombreuses interrogations viennent encore une fois plomber l’ambiance.

En effet, comment expliquer l’indifférence de la CENAP ( Commission Électorale Nationale Autonome et Permanente) face aux 3500 lettres de contestation à la candidature d’Ali Bongo Ondimba adressées au président de cette institution René Aboghe Ella par les citoyens gabonais ?

Et que comprendre du rejet et de l’argument sur l’incompétence fallacieuse de la Cour Constitutionnelle concernant les requêtes en annulation de la candidature d’Ali Bongo Ondimba déposées par les candidats de l’opposition ? Mais les actions en justice ne s’arrêtent pas là, puisque que René Ndemez’o Obiang en sa qualité de président de Démocratie Nouvelle, parti politique nouvellement créé et qui soutien le candidat Jean Ping, vient lui aussi à son tour de saisir la Cour Constitutionnelle pour contester le nombre trop élevé (50 sur 117) des ressortissants de la province du Haut-Ogooué (province natale des parents d’Ali Bongo Ondimba) dans les présidences des commissions électorales communales, provinciales, départementales et consulaires. Le président de Démocratie Nouvelle estime que cette situation est un déséquilibre flagrant qu’il faut corriger pour éviter des troubles lors des opérations électorales.

Mais que peut-il espérer d’une Cour Constitutionnelle qui semble être bien incompétente en la matière ?

Et que peuvent attendre Luc Bengone Nsie et Dieudonné Moukagni quant au procès en contestation sur la nature de la nationalité d’Ali Bongo Ondimba, ouvert le 28 juillet 2016 devant la Cour d’appel judiciaire de Libreville qui a été renvoyé au 08 aout ?

En plus des arrestations de certains membres de la société civile pour avoir contesté l’acceptation du dossier de candidature d’Ali bongo Ondimba par la CENAP le 09 juillet, le samedi 23 juillet, coup de théâtre dans le grand Nord du Gabon. Pendant que le président sortant se trouvait en tournée républicaine, en plein meeting à Bolossoville, l’honorable Bertrand Zibi Abeghe a posé sa démission devant Ali bongo Ondimba, et les caméras nationales. En même temps, à Libreville, l’opposition organisait une marche pacifique de contestation à la candidature très controversée du président sortant. Une manifestation violemment réprimée, occasionnant plusieurs blessés graves ainsi que deux journalistes molestés par les éléments de la gendarmerie nationale.

Et que dire du cousin de Ali Bongo Ondimba, Léon-Paul Ngoulakia, qui a décidé également d’aller devant les tribunaux pour contester la nationalité du président ? Avec cette procédure, Monsieur Ngoulakia espère obtenir le droit d’aller fouiller les archives de la Commission électorale afin de déterrer un document présenté par le chef de l’Etat il y a 26 ans. « Nous voulons savoir si l‘acte de naissance que monsieur Ali Bongo Ondimba a produit en 1990 dans son dossier de député est le même qu’il a produit en 2016. Comment voulez-vous que quelqu’un à la tête d’un pays, ne puisse pas prouver son état civil, d’une manière franche et juste ? » demande-t-il.

Face à ce conflit juridico-politique entre un pouvoir autiste qui chaque jour avive les tentions qui existent déjà depuis 2009, en choisissant la confrontation plutôt que la discussion et une opposition, malgré sa multitude de candidatures qui s’est constituée en bloc pour barrer la route à la candidature d’Ali Bongo Ondimba et qui semble être déterminée à atteindre son but dans la rue, sans oublier la société civile, l’honorable Zibi Abeghe et ses « mapaniens » ( habitants des quartiers sous intégrés du Gabon), les gabonais et la communauté internationale ont de réelles raisons de s’inquiéter de ce qui pourrait bien se passer dans ce pays d’Afrique centrale, dans les prochains jours.

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