Liberté de la presse: Une liberté de plus en plus amputée

Depuis 1993, le 3 Mai est consacré à la journée mondiale de la liberté de la presse. Une liberté qui, avant cette année-là, après et maintenant a vu le travail de nombreux journalistes dans le monde, empêché, contraint, bafoué. Empêché de dire la vérité, contraint de ne pas la dire et bafoué après avoir osé la dire.

Les chiffres sont alarmants et de plus en plus croissants. Au 29 décembre 2015, REPORTERS SANS FRONTIÈRES dénombrait: 153 journalistes détenus, 54 journalistes en otages, 110 journalistes professionnels tués et la liste n’a fait que se rallonger depuis dans le monde. S’il est important de donner ici les chiffres officiels, il est aussi primordial de rappeler que des contraintes plus insidueuses jonchent le travail de millions de journalistes dans le monde; et même dans les pays dits les plus démocratiques. C’est par exemple le cas d’enquêtes non facilités ou de batons dans les roues sur le chemin. L’exemple de la loi Macron sur le « Secret des affaires » en est la parfaite illustration. Vous savez, cette loi qui est sensée lutter contre l’espionnage industriel, mais qui, à bien regarder, contient un amendement qui menace d’entraver le travail d’enquête des journalistes et, par conséquent, l’information éclairée du citoyen. Sous couvert de lutte contre l’espionnage industriel, le législateur instaure comme nouvelle arme de dissuasion massive contre le journalisme un « secret des affaires » dont la définition autorise ni plus ni moins une censure inédite en France.

Cette année, le thème de cette journée: l’accès à l’information et aux libertés fondamentales- C’est votre droit, vient bien rappeler que le journaliste fait partie intégrante de la société et que sa liberté influence indéniablement, l’accès à l’information du citoyen. Si le journaliste n’est pas libre, le lecteur, le téléspectateur et l’auditeur ne le sont pas non plus. Ce n’est pas un hasard que de nombreux sociologues prennent la température démocratique d’un pays, à travers la liberté de sa presse. Une réflexion que partage le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, lors de son discours durant cette journée mondiale de la liberté de la presse :

« En cette Journée mondiale de la liberté de la presse, j’exhorte tous les gouvernements, politiciens, entreprises et citoyens à promouvoir et à protéger l’indépendance et la liberté des médias. Sans ce droit fondamental, la population est moins libre et moins autonome, mais avec, nous pourrons construire ensemble un monde digne et offrant des possibilités à tous. »

Si l’on sait aujourd’hui que des milliers de journalistes souffrent de bien faire leur travail, la situation n’en est, peut-être, pas pour autant irréversible si l’on s’attarde sur des recommandations datant de novembre 2015, de REPORTERS SANS FRONTIÈRES au secrétaire général, au conseil de sécurité et à l’assemblée générale de l’ONU, pour améliorer et protéger le travail des journalistes. Il s’agirait de créer un poste de représentant spécial sur la protection des journalistes auprès du secrétaire général de l’ONU. Il aurait pour tâche principale de contrôler que les États membres des Nations Unies respectent leurs obligations en matière de droit international, et disposerait du poids politique et de la capacité d’alerte nécessaires pour défendre efficacement les journalistes. Afin d’obtenir rapidement une résolution pour créer ce poste, RSF mène depuis plusieurs mois une

campagne internationale active pour collecter des soutiens au sein du système onusien et auprès d’États membres. La saisie de la Cour pénale internationale (CPI) par le Conseil de sécurité quand des crimes de guerre sont commis contre des journalistes.

Le 27 avril 2015, RSF réclamait au Conseil de sécurité de tout faire pour obtenir le défèrement de la situation des journalistes en Syrie et en Irak à la procureure de la Cour pénale internationale. Seul le Conseil de sécurité peut, au titre du maintien de la

paix et de la sécurité internationales, obtenir de la CPI qu’elle enquête et poursuive les responsable des crimes de guerre contre les journalistes dans les pays qui ne sont pas partie au statut de la Cour. En cette journée mondiale de la liberté de la presse 2016, des médias, des journalistes, des ONG et des personnalités publiques de tous les continents ont rejoint RSF en demandant de manière solennelle la création de ce poste.

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