Malick Sidibé: L’oeil de Bamako s’est fermé

Dans le milieu de la photographie africaine de génie, il y avait celui que l’on surnommait “l’oeil de Bamako”. Malick Sidibé est mort ce 14 avril 2016 des suites d’un cancer.

Malick Sidibé est arrivé à la photographie complètement par hasard. Doué pour le dessin, il sera amené à déployer son talent sur les bancs de l’école des artisans soudanais. Mais c’est en 1956 que sa vie va basculer dans le monde de la photographie , grâce à la rencontre avec Gérard Guillat, alias “Gégé la péllicule”. C’est avec lui qu’il va apprendre la photographie et c’est trois ans plus tard qu’il ouvre son propre studio à Bamako, dans le quartier Bagadadji.

Son appareil photo va alors scruter, observer, vivre la jeunesse malienne des années 60 et 70 en pleine effervescence. Il devient photo reporter et portraitiste des soirées bamakoises. Son style s’impose d’emblée: les vêtements, les allures sont immortalisés. Les portraits sont vifs, spontanés, instantanés. Lorsqu’il prend en photo la jeunesse malienne qui danse, sa pellicule nous fait presqu’entendre la musique que danse ses modèles en mouvement. D’ailleurs, l’un de ses clichés les plus connus, Nuit de Noël (happy club) (1963) met en scène les éclats de lumière d’un jeune couple, saisi en pleine danse de bonheur…fronts amoureux.

“Je suis un portraitiste naturaliste, pas philosophique

C’est en 1994, que l’occident découvre le génie malien. Un génie qui sera d’ailleurs récompensé à plusieurs reprises. Malick Sidibé verra son œuvre couronné d’un lion d’or à la biennale internationale de Venise et il deviendra le premier photographe africain récipiendaire du prix Hasselblad. Un sacre qui ne changera pas la vision qu’il a de son continent.

“Son Afrique est bien lointaine de celle de notre imaginaire ou de notre vision d’étrangers, ni exotique ni misérabiliste. C’est l’Afrique par et pour elle-même, avec son énergie, ses rêves, ses paradigmes et parfois ses paradoxes.”, Laura Sérani, directrice artistique des Rencontres de Bamako.

En mourant à l’âge de 80 ans, Malick Sidibé ne laisse pas une œuvre photographique, mais plutôt une œuvre sociale, historique, sociétale. Des clichés qui ont immortalisé une certaine Afrique : celle de l’insouciance, de la liberté, de l’épanouissement et surtout d’une jeunesse africaine qui pouvait encore se permettre de rêver…sans complexes.

Total
0
Shares
Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Previous Post

Brésil: Rejet d’un recours contre Rousseff

Next Post

Sénégal: Nouvelle compagnie aérienne

Related Posts