Le Brésil a refusé vendredi au groupe pétrolier français Total l’autorisation d’effectuer des forages dans cinq secteurs de l’embouchure de l’Amazonie, en déclarant que le plan présenté par Total comportait des «problèmes techniques»«La licence environnementale pour l’Activité de forage maritime dans les blocs FZA-M-57, 86, 88, 125 et 127 de Foz de Amazonas a été refusée ce vendredi en raison d’un ensemble de problèmes techniques identifiés au cours du processus visant à l’obtention de la licence», a annoncé dans un communiqué l’agence de régulation environnementale brésilienne Ibama. Le refus de cette licence avait été demandé en avril dernier par le parquet du Brésil et par des organisations de défense de l’environnement.

“Une possible fuite de pétrole”

Total s’était associé en 2013 avec le britannique BP et le brésilien Petrobras pour acquérir des blocs d’exploration dans l’embouchure de l’Amazone et attendait d’obtenir le feu vert des autorités brésiliennes pour lancer les travaux d’exploration. Ibama déclare dans son communiqué avoir détecté d’«importantes incertitudes» dans le plan présenté par Total pour d’éventuelles situations d’urgence. L’agence brésilienne évoque «la possibilité d’une fuite de pétrole qui pourrait affecter les récifs coralliens présents dans la région et par extension la biodiversité marine». L’agence ajoute qu’elle a donné à Total E&P do Brasil, la branche brésilienne du groupe, toutes les «opportunités possibles» pour«qu’elle complète et éclaircisse les problèmes techniques»qui ont été relevés. Elle indique avoir informé vendredi Total de sa décision. Sollicité par l’AFP, le groupe français s’est contenté d’indiquer qu’il allait «analyser les documents remis par Ibama et décider des prochaines étapes».

“Une décision historique”

Dans un communiqué, Greenpeace, qui s’était fortement mobilisé contre ce projet, s’est réjoui de la nouvelle : «C’est une décision historique à laquelle vous avez directement contribué, aux côtés de plus de deux millions de personnes mobilisées dans le monde pour sauver le Récif de l’Amazone.» L’ONGI (organisation non gouvernementale internationale) rappelle que ce recul est la victoire «d’un mouvement mondial d’une grande diversité» : «Des scientifiques aux représentant-es de communautés locales, des célébrités aux activistes, de Rio à Paris, nous avons montré qu’il est possible de contrer des projets néfastes pour l’environnement, même face à une entreprise puissante comme Total.» Greenpeace reste prudent et rappelle que «cette victoire n’est évidemment qu’une étape». Le communiqué conclut : «Nous devons rester vigilant-es pour protéger le Récif de l’Amazone non seulement au Brésil mais aussi en Guyane où il reste sous la menace d’autres projets de forage».