Gabon: Marie-Sylvie Hervo Akendengue: “Que justice soit faite!”

Marie-Sylvie Hervo Akendengue est une Gabonaise vivant à Libreville. Elle est cadre, directrice de la Communication et des Relations Publiques au Ministère de la Justice, Chargé des Droits Humains depuis le 27 décembre 2012, avec rang de Conseiller. Sa direction est rattachée au Cabinet du Ministre de la Justice (Le Ministère de la Justice est son Ministère d’origine de l’Administration générale, intégrée depuis le 22 janvier 2008). Mais il y a trois ans, un drame survient dan sa vie : la perte de sa mère, suite à une hospitalisation à la clinique Monseigneur Jean Adam. Depuis, Marie-Sylvie Hervo Akendengue a porté plainte contre cette clinique. Une plainte qui lui attire de nombreuses mésaventures. La rédaction de ALLSUD, touchée par cet événement, a décidé d’en savoir un peu plus sur cette affaire.

 

ALLSUD : Pourquoi avoir porté plainte contre cette clinique ?

MARIE-SYLVIE HERVO AKENDENGUE : Ma mère dont je suis l’ainée a été hospitalisée, à la suite de dons vestimentaires, durant 1 mois et demi, du 17 février au 1er avril 2015 dans cette clinique Monseigneur Jean Adam, située derrière la Cathédrale Sainte Marie de Libreville, dans l’Archevêché de l’Eglise catholique du Gabon. Car la religieuse, Mère Supérieure Marie-Agathe MFONO, professeur de philosophie au Collège Sainte Marie, qui la dirige avait demandé son hospitalisation urgente. J’ignorais qu’elle exerçait illicitement la médecine, sans agrément, qu’elle ne pouvait l’obtenir, car tout y était sans normes, bâtiments, personnel médical non qualifié, non reconnu par l’Ordre des Médecins, pour la plupart congolais, et camerounais en situation irrégulière et que plusieurs décès suspects y avaient été antérieurement enregistrés, qu’il n’y avait pas de médecins référant -qui est une obligation- ni de plateau technique, ni d’oxygène, ni d’ambulance ! Dès l’entrée, il y a à droite, une pharmacie ce qui est interdit dans une clinique.

 

AS : Rien que ça ?!

MSHA : Oh non ! Je découvre également que cette clinique Monseigneur Jean Adam était connue des services du Ministère de la Santé ! L’inspection du Ministère de la Santé avait demandé sa fermeture, il y a quelques années, avec toutes les preuves précitées. Le Ministre de la Santé du moment, a choisi au lieu de la fermer, de l’inaugurer ! Le 1er avril 2015, j’ai sorti ma mère de la clinique Monseigneur Jean Adam dans un semi coma criblée d’escarres (trous à même la chair), puis elle est décédée après de grandes souffrances, le 22 juin 2015 à Libreville. J’ai dénoncé ce scandale dès avril 2015, lorsque ma mère se battait pour vivre, je suis sortie de ma réserve en m’exprimant dans les médias publiques, et privés Gabonais ; du moins, ceux qui n’ont pas eu peur, Journaux télévisés, émission de la presse écrite et en ligne, pensant que la Justice gabonaise à laquelle j’appartiens allait se saisir de ce dossier, en ouvrant une enquête, mais que nenni. J’ai saisi les autorités compétentes pour la fermeture de cette clinique, sans suite. J’ai subi dès ce moment, intimidations multiples, diffamations sur ma personne, venant aussi de certains proches etc… J’ai donc décidé de porter plainte afin que la dignité de ma mère soit réhabilitée, que les responsabilités soient établies, que chacun, peu importe de ses fonctions, réponde de ses actes, afin que justice soit faite.

 

AS : Que s’est-il passé depuis votre plainte ? Où en êtes-vous ?

MSHA : Je précise que j’ai d’abord saisi en avril 2015 la Direction Générale de Recherche DGR par une plainte, il n’y a eu aucune suite. Je me suis constituée partie civile en juillet 2015, en saisissant l’ancien Premier Juge d’Instruction avec une plainte, et des frais afférents au dossier. A ma grande surprise en aout 2015, après la tenue du Conseil Supérieur de la Magistrature, qui s’occupe de l’affectation et de la promotion des Magistrats, je découvre que ma plainte déposée au Cabinet du Premier Juge d’Instruction, avait disparu. Aucune trace d’enregistrement. Quant à la Juge du Premier Cabinet d’Instruction, elle a été affectée au Ministère de tutelle. J’ai donc saisi l’Inspection Générale des Services avec copie au Ministre de la Justice pour obstruction flagrante à ma plainte. Cette magistrate a été traduite par la suite en Conseil de discipline. Elle a été rétrogradée ( inscrit dans son dossier 5 ans sans promotion) pour diverses plaintes, incluant sûrement la mienne. Le 15 décembre 2015, j’ai donc refais une plainte pour le Procureur de la République, au Parquet du Tribunal de première Instance près de Libreville. Ce n’est que début février 2016, qu’au service courrier du Parquet du Palais de Justice, qu’après avoir fortement exprimé mon mécontentement pour le non traitement de ma plainte, chaque fois que je me présentais à ce service, que le Procureur de la République après que son adjoint m’aie reçu à fait un soi-transmit de ma plainte à la Police Judiciaire.

 

AS : Et une fois à la police judiciaire ?

MSHA : J’ai été auditionnée durant 3 heures à la Police Judiciaire. Par contre, jusqu’à ce jour les mis en cause ne l’ont jamais été. J’ai échappé en 2016 a une agression dans ma voiture, la veille j’avais exprimé ma détermination à faire sceller cette clinique au Département Ministériel de la Santé qui était une Vice-Primature. Le 15 décembre 2017, étant active sur les réseaux sociaux, et la presse en ligne nationale, panafricaine qui ont relayée ce scandale médico-religieux et politique, j’ai posté sur mon compte Facebook que « cette pseudo clinique TUEUSE Monseigneur Jean Adam, peu importe les obstructions multiples, qu’elle sera SCELLEE, car il y a des intégrités dans mon pays le Gabon, et que les responsables répondront de leurs actes. Que ma détermination est claire, que je suis tenace. Que je n’ai peur que de Dieu etc. » Le lendemain, le samedi 16 décembre 2017, au quartier Louis, à Libreville, à 15 heures, je me restaurais, j’ai échappé à un assassinat/kidnapping par 2 individus inconnus, par la suite identifiés qui m’avait suivi. Ils ont ratissé la ruelle dans laquelle je me trouvais. Ils ont interrogé tout le monde, et ils avaient identifié ma voiture. Je leur ai échappé grâce aux commerçants, qui ont compris que c’était des bandits à ma recherche. Le samedi suivant, le 22 décembre 2017 à 10 heures 45, une voiture banalisée vitres fumées avec 3 individus inconnus était garée devant mon domicile durant 15 minutes.

 

AS : Que se passe-t-il depuis le vendredi 29 décembre 2017 ?

MSHA : Le vendredi 29 décembre 2017, aux environs de 9 heures 30, je n’ai pas accès à mon bureau, car il a été défoncé. Du coup, la serrure a été changée. Un agent du Ministère y a été installé. J’ai fait constater par voie d’huissier cette effraction. Après avoir saisi ma hiérarchie, l’ancien Ministre d’Etat, Ministre de la Justice, chargé des Droits Humains, aujourd’hui exerçant au Ministère de l’Habitat, en transmettant l’original du constat d’huissier, ainsi qu’au Secrétaire Général, la copie du constat d’huissier, ignorant que ce dernier était l’auteur de cet acte de brigandage. Pour accéder à mon bureau, que j’ai à mon tour forcé le vendredi 5 janvier 2018, j’ai constaté que mes documents administratifs, mes effets personnels avaient été jetés dans un gros carton telle une mal propre, et que mon fauteuil avait été déplacé un autre le remplaçant. Mon argent qui se trouvait dans mes tiroirs a été pris, une forte somme d’argent, que j’exige qu’elle me soit restituée dans l’immédiat. J’ai appris le 5 janvier 2018, par les personnels du Ministère de la Justice, que c’est Monsieur Pascal NDZEMBA, Secrétaire Général, Haut Magistrat, qui a défoncé, fait changer ma serrure etc… Je suis donc DEHORS ! Ma dignité a été bafouée, ma fonction violée étant nommée en Conseil des Ministres. Je suis humiliée dans mon intégrité, moralement, psychologiquement. C’est de l’abus de pouvoir, d’autorité, de la fourberie, surtout que je me suis rendue chez Monsieur Pascal NDZEMBA, Secrétaire Général pour me plaindre, dès l’infraction constatée, ne sachant pas qu’il avait ordonné cet acte.

 

AS : Depuis, un nouveau ministre de la justice a été nommé…

MSHA : J’ai saisi l’actuel Ministre de la Justice, Garde des Sceaux, Hervé Anicet Moumbou Miyakou, le 23 février 2018, aucune suite jusqu’à ce jour. À chaque fois que je me rends à son Cabinet, sa secrétaire particulière me répond : « On va vous rappele, le Ministre a pris ses fonctions y a peu, il est dans une cérémonie ! » Je subis donc depuis le dépôt de ma plainte des VIOLENCES MUTIPLES !

 

AS : Depuis cette affaire dramatique, vous avez également décidé de dénoncer la gestion d’un certain nombre de cliniques à Libreville …

MSHA : Sans prétention aucune, en mai 2015, ayant saisi le Ministère de la Santé, l’ancien Ministre de la Santé, Monsieur Jean-Pierre OYIBA, a pris la peine de m’appeler et de me recevoir avec l’Inspecteur Général des Services du Ministère de la Santé le Docteur KOUYA. Plusieurs cliniques ont perdu la CNMAGS ( Caisse Nationale d’Assurance Maladie et de Garantie Sociale), mais la Clinique Monseigneur Jean Adam n’a pas été touchée. Dans chaque quartier de Libreville, à l’intérieur du Gabon pousse chaque jour des cliniques qui n’en sont pas, «  à la barbe du Ministère de la Santé !  » J’ajoute, que de nombreuses cliniques qui avaient une très bonne réputation, ayant pignon sur rue, sont devenues en réalité hors normes, pour plusieurs raisons, ainsi que pour des erreurs, et négligences médicales établies, elles devraient être fermées ! Car l’Inspection des Services du Ministère de la Santé les connait toutes, et elle fait son travail de contrôle, et elle attend du Ministre de tutelle le quitus pour sanctionner ou fermer ces structures. Mais pour des raisons en réalité politiques, elles sont intouchables. Elles n’ont pas d’agrément, ni de personnel médical qualifiés. Et c’est d’une extrême gravité !

 

AS : Quel message primordial souhaitez-vous que nos lecteurs retiennent de cet entretien ?

MSHA : J’attends que le Procureur de la République décide enfin d’ouvrir une enquête ! J’attends d’être appelée par un Juge d’Instruction, près le Tribunal de Première Instance de Libreville. J’attends que les mis en cause, depuis 2015 soient enfin convoqués, et auditionnés, l’ayant été depuis janvier 2016 lorsque ma plainte a été transmise dans les services de la Police Judiciaire. J’attends que le Ministère de la Santé reconnaisse officiellement sa responsabilité dans le décès de ma défunte mère. Il est important de comprendre que « QUI NE DENONCE PAS EST COMPLICE !  » Je sais que ma défunte mère ne reviendra pas, mais que si quelqu’un avait eu le cran de ma démarche, ma mère serait vivante ! C’est pourquoi, Je demande à toute personne vivant au Gabon de ne pas se rendre à la Clinique Monseigneur Jean Adam de Sainte Marie à Libreville, car elle est tout sauf une clinique, malgré ses diverses consultations médicales gratuites, en plus médiatisées par certains médias. Ceux qui y ont perdu des proches, dénoncez- là, portez plainte ! Je suis tenace, et je suis convaincue que sauf si l’immortalité existe j’aurai gain de cause dans ce combat, c’est INELUCTABLE ! Je ne ferai le deuil de ma mère que lorsque JUSTICE sera faite, pour qu’elle repose en paix ! Je ne suis pas seule, ma défunte mère veille ainsi que Dieu.

 

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